Contrairement au don du sang, on parle peu du don d’organes. Tant dans les médias que dans notre entourage. Et pour cause : ce geste altruiste revient à évoquer la mort, un sujet qui reste encore tabou dans notre société.
Même s’il est possible de donner de son vivant à un membre de sa famille. La journée nationale de réflexion sur le don d’organes, le 22 juin, est sûrement la meilleure occasion pour en parler autour de vous. Pour vous y aider, nous vous aidons à mieux comprendre ce don de soi.
Le don d’organes vise à greffer un organe, une partie d’organe ou des tissus d’une personne à une autre, de notre vivant ou après notre mort.
Les dons du vivant sont généralement réalisés au sein d’une même famille, et bien souvent d’un parent envers son enfant. Cela peut-être un rein, une partie du foie ou une partie du poumon.
Mais, la décision de prélever est évaluée par des professionnels de santé experts, pour ne pas mettre en danger la vie du donneur.
En ce qui concerne les dons post-mortem, il peut s’agir :
La greffe sert à remplacer un organe qui ne fonctionne plus chez une personne malade.
D’une part, elle permet de sauver la vie de malades urgents ou d’accidentés. D’autre part, elle sert à redonner une vie « normale » à des personnes atteintes d’une maladie chronique, rare ou du sang. Par exemple, un insuffisant rénal chronique ou un insuffisant cardiaque.
Chaque année, selon l’Agence de la biomédecine, qui gère les dons d’organes en France, 15 000 personnes seraient en attente d’une greffe.
En 2019, presque 6 000 greffes ont été réalisées.
De plus, l’organe greffé s’abîme plus vite qu’un organe natif, donc le receveur peut avoir besoin de plusieurs greffes. Toutefois, d’importants progrès ont été réalisés ces 50 dernières années. Aujourd’hui, un rein greffé a en moyenne une durée de vie de 15 ans.
La loi française précise que nous sommes tous donneurs. C’est un consentement présumé. Ainsi, la carte de donneur n’est pas utile en France, si ce n’est qu’elle témoigne de votre volonté de donner. Elle n’est d’ailleurs plus produite par l’Agence de la Biomédecine.
Toute personne peut donner ses organes. Même les mineurs, à condition que les parents y consentent par écrit.
Et, contrairement à ce que l’on peut penser, des personnes malades peuvent également donner. Par exemple, des porteurs d’hépatite, des personnes avec un cancer peu évolué ou un cancer guéri depuis longtemps peuvent faire un don d’organes lors de leur décès. Encore une fois, la décision de prélever est systématiquement évaluée.
Cependant, vous pouvez faire part de votre refus de donner vos organes et vos tissus après votre mort. C’est un choix personnel, qui ne doit pas être culpabilisé.
Si vous ne souhaitez pas être donneur, le plus simple est de l’indiquer à votre entourage. En effet, c’est à eux que la question sera posée, alors qu’ils vivent un moment difficile. « Votre proche souhaitait-il donner ses organes ? ». Ils devront donner leur réponse rapidement.
Ce n’est pas l’avis de la famille que les médecins demandent, mais bien l'expression du refus de la part du défunt concernant le don d’organes et de tissus. Or, en plein deuil, il est difficile d’accepter la mort et d’avoir l’esprit clair sur la volonté de son proche décédé.
En parler, un jour, c’est aider sa famille, si une telle situation se présentait.
Si vous l’exprimez à l’oral, un membre de votre famille devra préciser les circonstances de votre décision et en attester par écrit. Le mieux reste donc de l’écrire vous-même et de remettre le document à un proche.
Aussi, vous pouvez exprimer votre refus sur le registre national des refus. Vous y déclarerez alors ne pas être d’accord pour prélever vos organes et vos tissus. D’ailleurs, peut-être souhaitez-vous ne pas donner l’ensemble de vos organes ou seulement un en particulier.
Faire un don d’organes ou de tissus de son vivant comporte toujours un risque, que cela soit lors de l’anesthésie ou lors de la chirurgie.
C’est pourquoi, des comités d’experts, constitués de soignants et de psychologues, vont recevoir la personne qui souhaite donner pour :
Le donneur est accompagné, le processus de décision et de prélèvement est très encadré.
Post-mortem, les professionnels de santé chargés du prélèvement de l’organe interrogent systématiquement le registre national des refus. Ou interrogent la famille, si le refus n’y est pas inscrit.
La décision doit être rapide pour garder les organes intacts – quelques heures seulement.
La liste d’attente des greffons (l’organe donné) est gérée par l’Agence de biomédecine. Un receveur y est inscrit une fois, peu importe où il vit.
Quand un greffon est disponible, plusieurs règles – publiques – vont définir son attribution. Les principales sont la durée d’attente et la gravité de l’état du patient. De plus, selon la maladie, des règles spécifiques s’appliquent, et les soignants évaluent l’opportunité ou non de la greffe.
Un logiciel, via un algorithme, détermine alors à quel receveur l’organe peut être attribué. L’attribution est ainsi objective, dans le respect des personnes en attente.
Ensuite, l’Agence de biomédecine contacte l’équipe soignante, qui est en charge du patient sélectionné.
L’organe est alors conservé dans le froid : il est en sommeil le temps du déplacement.
Le cœur est celui qui supporte le moins bien le prélèvement. En effet, la greffe doit intervenir dans les 4h maximum. A contrario, le rein peut être greffé dans les 18 à 24h.
L’anonymat est garanti. Le receveur ne peut pas avoir connaissance du nom du donneur, et vice-versa.
D’une part, cela permet de respecter le deuil de la famille du donneur. D’autre part, cela permet au receveur de mieux s’approprier son nouvel organe, et de vivre de nouveau.
Cependant, celui-ci peut écrire une lettre de remerciements anonyme, que l’hôpital transmettra à la famille du donneur. Celle-ci peut quant à elle être informée des organes et tissus prélevés et des résultats des greffes, si elle le souhaite.
Le don d’organes est un véritable don de vie, qu’il peut être difficile d’aborder autour de soi. C’est une décision personnelle qui interroge son rapport au corps et à la mort. Il est important d’y réfléchir et d’en parler à sa famille. Cela lui enlèvera le poids de prendre cette douloureuse décision dans un moment de deuil.