En 2019, 26 116 Français étaient dans l’attente d’une greffe. Même si les transplantations ont augmenté de 25 % en 8 ans, il y aurait en moyenne qu’un organe disponible pour 3 personnes.
L’angoisse liée à l’attente est insoutenable pour les patients et leurs familles, chaque jour qui passe réduit leurs chances de survie. Pour pallier ce manque, vous êtes présumé avoir consenti au prélèvement de vos organes à votre décès. Sauf si vous le faites savoir en vous inscrivant au Registre national des refus. Quelles maladies peuvent être guéries grâce aux transplantations ? Qu’est-ce que le consentement présumé ? Comment faire un don de son vivant ?
À l’occasion de la Journée mondiale du don d’organes et de la greffe, nous souhaitions vous apporter des réponses concrètes aux questions que vous vous posez le plus.
Selon l’Agence de biomédecine, en 2019, 5 901 Français ont été transplantés et ont pu ainsi survivre à leurs maladies. 92 % de ces greffons provenaient de personnes en état de mort encéphalique. Grâce aux progrès de la médecine de nombreux organes et tissus peuvent être prélevés comme :
En France, ce sont surtout les reins, le foie et le cœur qui sont les plus transplantés. À titre de comparaison, en 2019, il y a eu 3 643 greffes de reins contre 425 de cœur.
Le don d’organes permet à de nombreux patients de guérir et d’envisager un avenir plus serein.
Voici les principales maladies qui peuvent être éradiquées grâce au don :
Le don d’organes est encadré par la loi, il est gratuit et anonyme. Aucun receveur ne peut connaître l’identité du donneur et inversement. En revanche, les proches du défunt peuvent, s’ils le souhaitent, savoir quels organes et tissus sont utilisés ainsi que les résultats des greffes.
C’est un acte solidaire et généreux qui concerne tout le monde, même les donneurs en état de mort encéphalique âgés de plus de 65 ans. Pourtant, 20 % des Français sont défavorables à ce qu’on prélève leurs organes et tissus à leurs disparitions. Il est certain que ce questionnement n’est pas facile à faire, car il touche à quelque chose de très profond : notre décès ou celle de nos proches. Il n’est pas toujours facile d’avoir un avis sur le sujet, mais il est important d’y réfléchir puis d’en parler à son entourage pour qu’ils n’aient pas à prendre de décision à votre place.
Si vous ou un proche n’avez pas exprimé vos volontés, vous êtes d’office considéré comme un donneur présumé. C’est-à-dire que la loi française suppose que le défunt autorise à ce que les médecins prélèvent ses organes. C’est ce qu’on appelle le consentement présumé.
Si vous n’êtes pas d’accord, vous devez le faire savoir :
Le registre est accessible à tous depuis la loi du 1er janvier 2017 qui vous octroie la possibilité d’exprimer clairement votre décision. Sur ce registre vous pouvez vous opposer au prélèvement de l’ensemble de vos organes et tissus ou seulement à certains d’entre eux. Sachez que votre désaccord peut être modifié ou annulé à tout moment en fonction de l’évolution de votre opinion.
Concernant les mineurs, l’inscription est ouverte aux adolescents âgés de 13 ans minimum. Pour les autres et ceux qui n’ont pas fait part de leurs volontés, le don d’organes ne se fait que si les deux parents ont formulé leur accord écrit.
Dans tous les cas, par éthique, l’équipe médicale consultera le registre national des refus et demandera à vos proches la permission de prélever vos organes. C’est pour cela que faire savoir votre choix fait gagner du temps à tout le monde. Pour éviter aux médecins d’aller se référer au registre des refus, vous pouvez vous procurer la carte de donneurs d’organes et la mettre dans votre portefeuille. Ainsi, en cas de mort accidentelle, les secours sauront immédiatement votre volonté.
Peu importe votre décision, l’essentiel est de la communiquer. Ne laissez pas à votre famille la responsabilité de choisir à votre place. De même, parlez-en autour de vous pour connaître les souhaits de chacun et sensibiliser au don d’organes.
9 % des greffons proviennent de donneurs vivants et cela concerne majoritairement l’un des deux reins. En effet, pour ceux atteints d’insuffisance rénale, au stade de suppléance, c’est-à-dire quand les reins ne sont plus capables de filtrer les déchets du sang, il y a deux traitements possibles : la dialyse ou la greffe. Cette dernière est souvent la meilleure option thérapeutique, car la dialyse est très contraignante et empêche le patient d’avoir une vie normale.
Pour éviter toutes dérives, la loi autorise le don uniquement pour les personnes :
Si cette situation vous concerne vous et vos proches, vous devez passer encore deux étapes avant que la transplantation ne s’effectue. La première est la réalisation d’un bilan médical complet comportant des examens cliniques, radiologiques et biologiques. Ceci afin de s’assurer que vous êtes en bonne santé, que vous êtes apte à supporter une opération, que vous n’avez pas d’infections transmissibles et que votre greffon sera compatible avec le receveur et son groupe sanguin. Puis, la seconde étape est d’officialiser votre consentement devant le président du tribunal de grande instance après avoir été entendu par « le comité donneur vivant » composé de 3 médecins et d’un psychologue.
Il existe deux types de techniques chirurgicales : la lombotomie (incision large sous les côtes) et la cœlioscopie (petite incision dans le bas ventre, opération par vidéo assistance). Cette dernière permet de réduire l’importance des cicatrices et les douleurs postopératoires. La durée de l’hospitalisation est en moyenne de 5 à 10 jours et la reprise d’une activité professionnelle peut se faire entre 4 à 8 semaines après.
Hormis les risques rares de complications liés à l’anesthésie et à l’opération (1 % des cas), la santé du donneur n’est pas en danger. Quand on est en bonne santé, il est tout à fait possible de ne vivre qu’avec un rein sans que le quotidien ne soit perturbé. Sachez également que le don de rein n’affecte ni la fertilité ni les grossesses.
Un bel acte donc pour sauver la vie de vos proches malades.
Plus que jamais nous pouvons être solidaires des personnes qui sont dans l’attente d’une greffe en faisant savoir notre choix et en parlant librement avec ceux que l’on aime.
Rédaction : Célia Gouverneur